Témoignage de René Catot de Ethe à propos de son père, Joseph: « En 1914, ce dernier était domestique de ferme à la ferme de Hamawé. Quelques semaines après le combats du 22 août, un cavalier allemand, seul, s’y présente pour abreuver son cheval. Entre les deux hommes, la conversation s’engage. Que se disent-ils? Nul le sait. Toujours est-il qu’en décembre 1916 lorsque les Gaumais convoqués par les autorités allemandes se présentent à Virton pour partir en déportation, Joseph reconnaît l’officier allemand rencontrés à la ferme deux ans auparavant. Il tente alors le tout pour le tout et va le trouver pour lui demander d’effacer son nom de la liste des déportés… Contre toute attente, l’officier accepte la requête de Joseph qui se dépêche de partir… »

 

Jules Didier, c’est moi… Découvre la correspondance que j’ai entretenue avec  M O N   P È R E   E T  MA SOEUR

« Le 4 décembre 1916! Une journée dont les Virtonnais garderont longtemps le souvenir » . (Nestor Outer, Larmes de guerre)

En 1916, l'Allemagne, dont la plupart des hommes est occupée à se battre, commence à manquer de main d'oeuvre. Elle prend donc la décision de réquisitionner des Belges pour travailler dans ses usines ou ses fermes. Emmener de force des hommes, parfois aussi des femmes, de leur pays d'origine vers un pays étranger est désigné sous le terme de «déportation ». En tout, près de 120 000 Belges ont été déportés durant les deux dernières années de la guerre. Et, les Gaumais n’échappèrent pas à ces déplacements de population. De Virton et de tous ses villages, plusieurs centaines d'hommes sont partis dans différents camps de travail, en Allemagne, pour faire tourner les usines ou assurer l'exploitation des fermes. Plus tard, une seconde vague de déportés est envoyée en France, parfois à quelques kilomètres de la frontière avec la Belgique, à Montmédy ou à Stenay. Les Allemands avaient besoin de cette main d’œuvre pour entretenir les routes dégradées par le passage  des troupes allemandes pour rejoindre le front.

Suivons l’histoire d’un de ces déportés: Jules Didier. Grâce à la correspondance qu’il entretient avec son père et sa sœur, nous en savons un peu plus des conditions de vie au camp.

Je suis originaire de Fratin, un petit village tout près d’Etalle. J’ai été déporté, en Allemagne au camp de Cassel en décembre 1916. Heureusement, je n’y suis resté que deux mois et demi. Les conditions d’hygiène et d’alimentation dans le camp étaient déplorables. A peine recevions-nous deux tranches de pain rassis par jour avec une tasse d’eau brunâtre  qui passait pour être du café. Pour économiser mes forces, je restais couché du matin au soir et du soir au matin. D’autres de mes camarades sont allés travailler dans les usines allemandes mais j’ai toujours refusé même si je sais qu’en acceptant, j’aurai été mieux nourri…

                                              





#top #top Table 3 Correspondance et photos prêtées par M. José Didier de Saint-Mard