Route de Gomery

Eugène Hustin a été exécuté avec 48 autres compagnons dans un pré dit: « le Ruau », à la sortie du village vers Gomery

 En août 1914, ma petite Hélène avait tout juste 11 mois. Ses pleurs ont failli nous faire reprendre par les Allemands. Après qu’Eugène ait été emmené, les Allemands nous ont libérés, nous, les femmes et les enfants. Nous nous sommes réfugiés dans la cave de ma belle-sœur. Nous n’avions plus rien manger depuis vendredi et nous étions déjà dimanche. Hélène n’arrêtait pas de pleurer; Madame Capon qui s’était réfugiée avec nous me dit: « Pour l’amour de Dieu, Léonie, faites taire votre petite, les Allemands sont là et ils vont nous fusiller ».


« Lorsque les combats ont commencé dans le village, nous avons trouvé refuge dans l’usine de Chicorée Capon. Mais, les Allemands nous ont retrouvé et nous ont fait sortir de la cave où nous étions cachés. J’ai vite compris que les Allemands avaient l’intention de séparer les hommes des femmes et des enfants. Je n’ai pas réussi à les empêcher d’emmener mon Eugène. En revanche, j’ai sauvé in extremis mes deux aînés: je leur ai enlevé leur casquette afin que les Allemands ne les prennent  pas pour des homme mais voient bien qu’ils n’étaient encore que des enfants ».

Je m’appelle Léonie Capon. Sur cette photo, je pose en compagnie de mon jeune époux, Alphonse Hustin. Elle a été prise le jour de notre mariage. Nous étions encore jeunes et insouciants. Les années 1800 tiraient à leur fin et un nouveau siècle s’annonçait. Jamais, je n’aurais pu imaginer ce que ma famille et moi-même allions vivre en cette fin de mois d’août 1914. En l’espace d’une journée, j’ai perdu mon mari, mon père et, pour peu, mes deux fistons, Numa et Octave.

Table2 #top #top Coll. F. Brisy Coll. F. Brisy