« La vie reprit et souvent monotone (...). Et puis, même pour nous, enfants, la lutte pour l'existence devint de plus en plus âpre : un réel surcroît de besogne attendait à la maison ceux dont le père était absent. La course aux vivres était de tous les jours. L'âge de jouer passa plus vite pour nous que pour d'autres et l'âge de travailler vint plus tôt. Nous voyions nos parents pleurer et lutter. Plusieurs d'entre nous ne mangeaient pas à leur faim (....). Pour se ravitailler, pour échapper aux incessantes réquisitions des Allemands, la population devait ruser et tromper chaque jour un ennemi toujours plus vigilant et mieux organisé ( ...). Il s'agissait de cacher la laine, les cuivres et dix autres choses convoitées par l'aigle germanique. Nous creusions des cachettes au bout du jardin ou dans une prairie. Nous en aménagions d'autres dans le foin ou la paille. On fabriquait des doubles planchers, des doubles fonds aux armoires. Pour ma part, pendant des mois j'eus un sac de farine pour oreiller. Comme camouflage... »
Extrait du livre de Roger Saussus, La guerre à 12 ans, Virton, 1968.
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La maison n’était pas grande et on nous avait encore pris une chambre pour les Allemands. Je me rappelle un peu de leurs lits superposés avec de sales paillasses pleines de puces. Il fallait les supporter. Un jour, il y eut une bataille de fourches dans la grange, mon père avec un Allemand. Heureusement ma mère est arrivée pour les séparer. Quelques temps après, ce soldat devint très malade et ce fut ma mère qui le soigna. Quand il partit se battre à la guerre, il dit au revoir et : « Il faut oublier tout ça, c’est la guerre ». Témoignage de Maria Bailleux.
A Ruette, nous avions élevé deux cochons. Un jour, le bourgmestre de Ruette, Arquin, arriva avec un Allemand pour réquisitionner les cochons. La grand-
Témoignage de Maria Bailleux.
Les gens du village étaient dans deux maisons à la yue perdue. Les femmes dans une et les hommes dans celle d’à côté. Dehors, les Allemands tiraient sur un homme qui avait voulu rentrer chez lui, il a été tué. Quand les Allemands laissèrent les gens sortir, le village était en feu. Notre maison était brûlée ainsi que celle des parents de mon père. Ils avaient mis le feu à la maison où étaient les blessés français. Après, ils firent monter les gens du village près du cimetière pour les fusiller. Il y avait un homme originaire d’Arlon qui savait parler allemand. Il se mit à parler avec un officier allemand, qui venait d’arriver à cheval, et les gens de Gomery eurent la vie sauve.A Ethe, le village d’à côté, il y eut deux-
Témoignage de Maria Bailleux, qui relate ici ce que lui ont raconté ses parents. En 1914, Maria avait tout juste un an.