« Ethe ne formait plus qu’un monceau de décombres, les toits étaient tombés, les pignons de loin en loin, restaient seuls

 debout, les poutres, les lattes, tout était brûlé… Les hommes qui survivaient, les femmes et les enfants pleuraient,

se lamentaient. Il n’y avait pas jusqu’aux animaux qui n’eussent un air d’abandon au milieu des ruines. Les pigeons

cherchaient leurs colombiers, les bœufs et les chèvres leur étable. Ils allaient déroutés par les ruelles, mugissant et

bêlant d’une voix plaintive. Des poules perchaient sur les arbres et, partout, partout, on rencontrait la trace des

boulets, la trace de l’incendie! Que d’années de travail! Que d’économies et de souffrances, il avait fallu à nos

parents pour bâtir nos maisons. En une journée, tout était anéanti. Et notre belle église, faut-il t’en parler? J’y

renonce: la description en serait trop poignante! »

« Vers 4 h de l'après-midi, je sors de la cave où je me tenais caché avec les miens, et je me rends sur le seuil de la porte. J'aperçois un groupe de soldats français encadrés d'Allemands qui remontent la rue. L'un des prisonniers me montrant sa tartine me dit : c'est la dernière. A peine ont-ils dépassé ma maison qu'il s'opère dans le groupe un certain tumulte. Les Allemands font mettre en rang les soldats français près de l'abreuvoir, en face de la maison de Joseph Peignois, après en avoir écarté 3 blessés, qu'ils conduisent à l'ambulance du moulin. Les autres, au nombre d'une quinzaine, sont aussitôt fauchés à bout portant par une mitrailleuse. »

 

Témoignage de Jean-Baptiste Tillière Clichés d’une époque  paisible et prospère
Jean-Baptiste Thomas et les autres La souffrance des habitants de Ethe La souffrance des habitants de Ethe Table1 La souffrance des habitants de Ethe

Rédaction de Sylvie Magnette, élève à l’école des Sœurs de Ethe, écrite en 1915; Sylvie est alors âgée de 12 ans.