On imagine à quel point pour les civils, remplir cette tâche a dû être difficile, d’autant que les Allemands ne leur ont pas facilité la vie. Un habitant de Ethe, Maurice Simon raconte l’histoire de ce groupe d’hommes: écoutons Alexis nous la raconter.
Maurice SIMON, Journées Rouges.
« Lundi 24 août : (...) Le soir, on fait appel à tous les hommes de bonne volonté pour aller enterrer les morts. Armés de bêches, nous allons, Numa et moi, avec cent autres vers la Chamberlaine. La nuit tombe. Des monceaux de képis, de sacs, de bidons, de fusils encombrent les chemins. Au pied d'une haie, près de Grassoie, un petit soldat est étendu sur le ventre. Le visage dans ses mains comme s'il dormait. Mais à la transparence de ses oreilles, à la pâleur de ses tempes, je vois qu'il est mort. Je touche son visage. Il est froid comme du marbre. On dirait un personnage de cire (...) ». Nestor Outer, sur le champ de bataille de Bellevue.
Comme pour relever les blessés, c’est également les civils qui se vont vus confier la mission d’enterrer les morts. Dès le lendemain des combats, les Allemands réquisitionnent les hommes et les envoient sur les lieux de la bataille… Il faut agir vite: sous le soleil brûlant du mois d’août, les corps abîmés par les balles et les éclats d’obus se décomposent très rapidement: on improvise alors des cimetières dans l’urgence.
APRÈS LES COMBATS: RELEVER LES BLESSES…
S’OCCUPER DES MORTS…
De nombreux soldats, réclamés par leurs familles, ont été rapatriés chez eux, dans leur pays d’origine.
D’autres n’ont pas pu être identifiés lorsqu’ils ont été exhumés. Les ossements de ces derniers ont été rassemblés dans de grandes fosses communes appelées « ossuaires ».
Dans l’urgence de la situation et face au nombre impressionnant de victimes, on a d’abord enterré les morts à proximité des lieux des combats; c’est ainsi que le paysage de nos villages s’est retrouvé constellé de croix rappelant la présence de ces tombes. Mais très vite, avant même que la guerre ne soit terminée, les Allemands se mettent à élaborer les plans de cimetières militaires destinés à rassembler les sépultures dispersées.
Au milieu des années ‘20, les plans se concrétisent. C’est dans ce contexte que les cimetières de Bellevue, de Laclaireau et d’Houdrigny voient le jour.